Le Moyen Âge - Français

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jeudi 21 novembre 2019

Le Moyen Âge





Le Moyen Âge français est une période longue de près de mille ans, comprise entre la fin de l’Empire romain d’Occident (476) et la prise de Constantinople par les Turcs ottomans en 1453.

Cette période est caractérisée par le morcellement du royaume en clans rivaux, la montée en puissance de l’Église romane et la domination d’une classe de nobles sur la vaste majorité de la population. Même si le latin est largement utilisé à travers l’Europe par l’élite intellectuelle qui enseigne dans les grands centres universitaires de France (Paris, Toulouse, Montpellier), c’est la langue romane qui domine, un mélange de latin, de celte et de germain.

Dès le XIe siècle, les œuvres littéraires sont le fait de poètes voyageurs se déplaçant de châteaux en châteaux pour y produire leurs chansons de geste. Les trouvères chantent en langue d’oïl, constituée par les dialectes du nord de la Loire, alors que les troubadours s’expriment en langue d’oc (dialectes du Sud). Ces œuvres célébraient d’abord les exploits guerriers des seigneurs puis peu à peu, s’inspirant des mœurs courtoises de la cour, les poèmes ont chanté l’amour et les devoirs d’hommage du chevalier envers sa dame.

Le Moyen Âge laisse aussi un extraordinaire héritage architectural avec la multiplication des villes souvent entourées de fortifications, ainsi qu’avec l’épanouissement de l’art roman vers le Xe siècle, puis de l’art gothique à partir du XIIIe siècle.

Les Mérovingiens


Les Francs, qui occupent un royaume dans le nord de la Gaule, couronnent en 481 leur nouveau roi Clovis (465-511), qui n’a que 15 ans. Avec lui, ils fondent la dynastie mérovingienne, du nom d’un de leurs ancêtres, Mérovée. C’est aussi avec ce nouveau roi que s’amorce la lente reconstruction de l’unité de l’ancienne Gaule romaine et du futur royaume de France. L’ambition de Clovis est de former un grand royaume qui englobe tous les peuples germaniques qui se sont installés en Gaule. Il combat ainsi et soumet les armées de Syagrus, dans le centre et l’ouest de la Gaule, puis les Alamans dans la vallée du Rhin et enfin les Wisigoths en Aquitaine. Converti au christianisme en 496 à la suite de son mariage avec Clotilde, le roi Clovis ajoute à son domaine celui des Burgondes, dont son épouse est l’héritière. Clovis parvient de cette façon à réaliser vers la fin de son règne une certaine cohésion territoriale et culturelle du pays en réunissant sous son contrôle des Gallo-Romains, au nord de la Loire et des Germains, au sud. C’est aussi pendant cette période que Paris, l’ancienne Lutèce, devient la capitale du royaume franc, prenant la place de Lyon, la préférée de Rome. Clovis représente dans l’histoire de France la première étape de la fusion progressive des civilisations originaires de l’Europe de l’est et de l’héritage gallo-romain qui coexistent dans le pays à cette époque.

À la mort de Clovis au début du VIe siècle, bien que l’unité culturelle qu’il a construite résiste, ses héritiers entrent dans des querelles de rivalités qui conduisent à des partages du royaume dans une confusion qui durera 250 ans. En dépit de ces divisions, certains rois, tels que Clotaire II, Dagobert et Childeric II parviennent à préserver une cohésion au royaume. Avec les rois mérovingiens qui se succèdent, certaines régions émergent et dominent : au sud, l’Aquitaine, la Provence et la Bourgogne ; au nord, la Neustrie et l’Austrasie. Mais l’image principale qui reste de cette époque est une succession de rois fantoches et décadents (les rois fainéants) dépourvus de réel pouvoir, manipulés d’une part par les maires qui contrôlent l’administration du palais et d’autre part une aristocratie de province dont la montée en puissance provient de leur détention de vastes domaines partout dans les provinces

Les Carolingiens


En 732, Charles Martel, un Austrasien, chef de Neustrie, repousse avec succès une invasion arabe (les Sarrasins) à Poitiers. Cette victoire lui permet de consolider son pouvoir et d’étendre son influence dans toutes les régions de l’ancienne Gaule. Son fils Pépin III, dit Pépin le Bref, se fait élire roi des Francs en 751 à Soissons dans une cérémonie réunissant les nobles du royaume et au cours de laquelle il reçoit la bénédiction des évêques. Trois ans plus tard, Pépin est à nouveau sacré, par le pape cette fois, à Saint Denis, près de Paris. Ces sacrements ont une signification particulière pour l’avenir de la royauté en France, car ils illustrent la nouvelle personne sacrée du roi, désormais investie de l’autorité divine qui lui est donnée par les représentants de l’Église, associés ainsi à l’autorité royale. Avec le sacrement de Pépin le Bref, c’est aussi une nouvelle dynastie qui commence, celle des Carolingiens.

Charlemagne hérite du pouvoir à la mort de Pépin le Bref. Il renforce l’unité du pays commencée sous le règne de son père tout en créant un empire dont le territoire s’étend bien au-delà du royaume franc, jusqu’au Danube et dans l’Italie du nord. Allié des papes, de qui il reçoit la bénédiction en 800 lorsqu’il est sacré empereur à Rome, il intervient personnellement dans le nord de l’Italie contre les Lombards, en Espagne contre les musulmans, en Saxe contre les païens et en Bavière contre les descendants des Huns. Entre temps, Charlemagne le pieux « invente » l’école, selon la mythologie française, en créant des écoles monastiques pour les enfants. Il répartit son empire en royaumes qui sont subdivisés en comtés et en diocèses. Les premiers sont administrés par des comtes et les seconds supervisés par des évêques que l’empereur nomme lui-même. Ces entités territoriales jouissent d’une certaine autonomie mais doivent suivre les directives religieuses émises par l’État.

Durant le long règne de Charlemagne, de 768 à 814, l’empire des Francs chrétiens atteint une apogée, il constitue la force dominante en Europe occidentale. Cette époque est particulièrement brillante et féconde pour les arts, à telle point qu’elle a été nommée la renaissance carolingienne. Mais l’empire se morcelle à nouveau après la mort de Charlemagne, il ne résiste pas aux querelles de ses héritiers. En 843, par un accord entériné à Verdun, ses trois petits-fils se partagent l’empire ; c’est probablement dans ce partage que commence véritablement l’histoire du royaume de France : Charles le Chauve règne sur la Francia Occidentalis (Aquitaine et Neustrie) ; Louis le Germanique sur la Francia Orientalis (de la Saxe au nord jusqu’à la Bavière au sud) ; enfin, Lothaire s’arroge un royaume situé entre les deux précédents, la Lothargie, qui comprend la Lorraine, la Bourgogne, la Provence et la Lombardie. Ce royaume intermédiaire fera l’objet d’incessants combats entre la future France, à l’ouest, et la future Allemagne, à l’est.

Par ailleurs, de nouveaux envahisseurs venus du nord, les Vikings, appelés aussi les Normands, font de fréquentes incursions dans le royaume, comme partout en Europe. Leurs drakkars, de longs navires à fond plat, leur permettent une grande mobilité en mer et sur les fleuves. Ils menacent Paris deux fois, en 845 puis en 885, lorsqu’ils en font le siège durant une année avec 20 000 hommes, se retirant finalement contre une forte rançon. Les Vikings s’installent définitivement dans la partie nord-ouest de la France vers la fin du IXe siècle. Ce territoire deviendra en 911 le duché de Normandie, après la signature d’un traité de paix entre Charles III, roi de Francia Occidentalis depuis 898 et Rollon, chef normand, à qui le roi offre sa fille en mariage, selon la tradition. Rollon a un illustre descendant, Guillaume de Normandie, qui conquiert l’Angleterre en 1066 et en devient le premier roi.

Les Capétiens


En 987, à la mort de Louis V, dernier roi carolingien, Hugues Capet accède au trône. Il est le premier monarque de la longue dynastie des Capétiens directs, qui durera près de 350 ans, jusqu’au début du XIVe siècle. Par ses différentes branches, la lignée capétienne continuera jusqu’au XIXe siècle, avec Charles X, dernier roi de France. L’ère nouvelle qui débute avec le premier des Capétiens est marquée par son organisation de type féodal, déjà mûrie sous les Carolingiens. Dans ce système, chaque sujet est un vassal qui jure fidélité et soutien à un seigneur plus important, le suzerain, qui lui offre en échange sa protection et une terre, nommée le fief (du latin feodum, d’où l’adjectif féodal). Cette organisation pyramidale d’autorité et de subordination réciproques remonte jusqu’au roi, qui siège au sommet de la hiérarchie, sans que ce dernier ait à se mêler des échelons inférieurs. L’une des conséquences majeures de la mise en place d’un tel système a été le développement sans précédent des terres cultivées à l’intérieur du royaume, ainsi que la multiplication des villes, témoignant de l’essor économique des régions. Par ailleurs, les Capétiens instaurent la monarchie héréditaire, par laquelle le fils aîné hérite automatiquement du trône de France. Les autres fils reçoivent un apanage, c’est-à-dire un territoire vassal mais indépendant qui leur appartient en droit et qu’ils transmettent à leurs héritiers. L’apanage représente un grand danger pour le roi, car ce système fragmente le royaume et certaines provinces peuvent se retourner contre lui, comme cela a été le cas au XIVe siècle pour la puissante Bourgogne.

Le XIe siècle marque aussi le début des Croisades, dont la première a lieu en 1095. À l’appel du pape, les chrétiens d’Occident se mobilisent pour se rendre à Jérusalem et en chasser les Turcs qui occupent la ville sainte depuis vingt ans. Des foules massives venues de toutes les régions d’Occident se dirigent vers le lieu mythique de la naissance du Christ. Malgré la lourdeur des pertes humaines qu’entraînent les nombreuses batailles et les périls du voyage, les Chrétiens parviennent à libérer Jérusalem en 1098. Cette croisade provoque un fort sentiment d’unité à travers tout le monde chrétien, sept autres croisades auront lieu au cours du XIIe et du XIIIe siècles.

En 1137, Louis VI, dit le Gros, cinquième des rois capétiens, trouve la mort. Quelques semaines plus tôt, il a arrangé le mariage de son fils le dauphin Louis, 17 ans, à la belle Aliénor, 15 ans, comtesse du Poitou et seule héritière du vaste duché d’Aquitaine. Cette alliance, avant tout politique, permet au royaume capétien d’élargir pour la première fois son influence au sud de la Loire. Aliénor, sensible et cultivée, est malheureuse dans ce mariage, qui la contraint à vivre parmi les chevaliers du Nord qui ne pensent qu’à la guerre. Pire, elle ne conçoit pas d’enfant pour la succession du roi. En 1147, alors qu’elle accompagne son époux Louis VII pour la seconde croisade, on la soupçonne même d’adultère. Au retour de la croisade, qui lui a fait connaître Byzance, Antioche et Jérusalem, Aliénor donne enfin naissance à un enfant, mais c’est une fille… Louis VII décide alors en mars 1152 de répudier la reine et de divorcer. Aussitôt le concile terminé, Aliénor rentre en Aquitaine et épouse peu après son jeune et bel amant, Henri Plantagenêt, duc de Normandie et de Bretagne, comte d’Anjou, de Touraine et du Maine et, désormais, duc d’Aquitaine. Deux ans plus tard, à l’âge de 21 ans, Henri Plantagenêt devient roi d’Angleterre et contrôle plus de la moitié du royaume de France. Henri Plantagenêt, vassal du roi, est en fait bien plus puissant que Louis VII, son suzerain. Quant à l’Aquitaine, perdue pour les Capétiens par un mauvais mariage, elle restera sous la domination anglaise pendant trois siècles.

En 1200, Aliénor, reine d’Angleterre, décide de renouer les liens avec le royaume de France dans l’espoir de mettre un terme aux hostilités entre les deux pays. Elle parvient à conclure le mariage de sa petite-fille, Blanche de Castille avec Louis, fils de Philippe Auguste (1180–1223). Cependant, si cette union réussit cette fois au plan sentimental, elle échoue au plan politique : Philippe Auguste, septième des rois capétiens, fils de Louis VII, est décidé à reconquérir le territoire perdu aux Anglais. Sous son règne, le royaume s’élargit à nouveau, il inclut désormais la Normandie, le Poitou, la Touraine et l’Anjou. Philippe Auguste remporte une victoire décisive à Bouvines (1214) contre les alliés de Jean Sans Terre (1167-1216), roi d’Angleterre, fils d’Henri II Plantagenêt et d’Aliénor, et frère de Richard Cœur de Lion, son prédécesseur sur le trône.

Saint Louis


Le petit-fils de Philippe Auguste devient roi à l’âge de 12 ans, en 1226, son père ayant trouvé la mort au cours d’une croisade, trois ans après le début de son règne. Louis IX est sacré à Reims, alors que la cathédrale est encore en construction. Sa mère, Blanche de Castille, assure la régence jusqu’à la majorité du jeune roi, qui sera célèbre sous le nom de Saint Louis, après sa canonisation en 1297. Le long règne de Louis IX, qui prend fin en 1270, lorsqu’il meurt du typhus devant Tunis, marque l’apogée de l’ère capétienne. Ce roi à la fois aimé et craint de ses sujets renforce le pouvoir royal autour de la personne du roi, tout en créant un système par lequel chaque sujet peut porter plainte directement à la cour royale contre les abus des autorités seigneuriales locales. Cette procédure remet en cause les structures essentielles du système féodal, selon lesquelles le peuple est à l’extrémité de la chaîne du pouvoir. Cette initiative a fait de Saint Louis un roi plus proche de ses sujets dans l’imagination populaire en même temps qu’elle renforçait sa position d’arbitre suprême. À Paris, un collège pour les pauvres est fondé en 1257, qui deviendra plus tard un des principaux centres du savoir en Europe, l’Université de la Sorbonne.

Saint Louis acquiert une réputation de roi chrétien en participant à deux croisades et en exigeant de son peuple une ferveur sans concession, à la mesure de sa propre dévotion. C’est durant son règne que s’épanouit l’art gothique, avec la construction de la Sainte Chapelle à Paris, ainsi que celle des cathédrales de Reims, de Chartres et d’Amiens, chefs-d’œuvre de l’art gothique. Son règne apporte aussi la paix au pays, et une certaine prospérité économique. En revanche, les guerres ne sont pas absentes durant cette période, le Traité de Paris en 1259 met fin aux hostilités avec l’Angleterre, par lequel plusieurs provinces du sud-ouest de la France sont remises à Henri III.

Faute d’héritier mâle, la dynastie des Capétiens s’achève en 1328, à la mort de Charles IV, l’un des arrières-petits-fils de Saint Louis. La loi salique, publiée en 1316, interdit en effet aux femmes la succession au trône. La couronne de France passe ainsi à la branche des Valois, représentée par Philippe VI, fils de Charles de Valois, lui-même fils cadet de Philippe III (1245-1285), le successeur de Saint Louis.

La guerre de Cent ans (1337-1453)


Ce changement de dynastie coïncide avec l’une des périodes les plus sombres de l’histoire de France. L’ennemi est désormais l’Angleterre et lorsqu’il arrive au pouvoir, Philippe VI veut reprendre au royaume d’Outre Manche les territoires du sud-ouest qui ont été concédés sous le règne de son père. Toutefois, les armées des chevaliers du roi de France ne parviennent jamais à être à la hauteur des soldats d’Henri III. Il s’ensuit des défaites catastrophiques des Français contre les Anglais, d’abord à Crécy (1346), puis à Calais (1347). Peu après, une grave épidémie de peste noire sévit sur le pays. Apparue en 1347 à Marseille, elle s’étend rapidement sur tous le pays et fait des millions de victimes, que l’on estime à un tiers de la population de France. La catastrophe est telle et les médecins si impuissants qu’elle provoque des comportements extrêmes parmi la population, tels que le massacre de populations juives (Strasbourg, 1349), accusées d’être à l’origine du mal. D’autres épidémies au cours du XIVe siècle ajouteront encore au désastre démographique et économique qui a frappé le royaume.

À la mort de Philippe VI, Jean Le Bon accède au trône (1356) et engage à nouveau la guerre contre l’Angleterre, sans plus de succès que son père toutefois. Ses défaites successives, en particulier à Poiters en 1356 lorsqu’il est fait prisonnier, conduisent à la paix de Calais (1360), par laquelle la France concède à l’Angleterre la ville de Calais et surtout, l’ensemble du sud-ouest du royaume.

Charles V (1364–1380), fils de Jean le Bon, entreprend avec plus de succès une reconquête du royaume a lieu et vers la fin de son règne, les Anglais ne possèdent plus que quelques villes, dont Bordeaux, Brest, Calais et Cherbourg. Toutefois, la situation se renverse à nouveau au cours du règne de Charles VI (1380-1422), son successeur. Deux facteurs essentiels contribuent à ce retournement : d’une part, les crises de démence fréquentes de Charles VI, qui l’empêchent de gouverner le royaume ; d’autre part, un climat de guerre civile est provoqué par la grave scission entre Armagnacs, à l’ouest du pays et en Île de France, et une nouvelle puissance, celle des Bourguignons, à l’est et au sud. Ces derniers sont conduits par le duc de Bourgogne, Jean sans Peur. Henri V, roi d’Angleterre, profite de ce conflit et enregistre une victoire éclatante sur les armées de Charles VI à la bataille d’Azincourt (1415), au cours de laquelle 5000 Français trouvent la mort, dont de nombreux nobles de la cour. Cette victoire décime l’armée française et entraîne d’autres succès militaires de l’Angleterre, qui reprend finalement la Normandie, passée sous le contrôle de la France depuis deux siècles.

La situation devient désespérée lorsque Jean sans Peur est tué en 1419 par le dauphin Charles et le clan des Armagnacs. Son fils et successeur Philippe le Bon s’allie alors avec Henri V dans le but d’affaiblir les Valois. En raison de la maladie mentale qui empêche Charles VI de gouverner, c’est la reine Isabeau de Bavière qui préside la régence ; face à ces ennemis puissants, elle ne peut résister longtemps et consent finalement à signer le Traité de Troyes, en 1420. Selon les termes de cet accord, Catherine de France, la fille de Charles VI et d’Isabeau, est donnée en mariage au roi d’Angleterre. Par ailleurs, le dauphin Charles est déshérité et la couronne de France doit revenir à Henri V à la mort du roi. Le royaume de France est ainsi remis aux Anglais. Même si ce plan ne réussit pas complètement en raison de la mort d’Henri V en 1422 (la même année que celle de Charles VI), ce traité marque une date sinistre de l’histoire de France, il signifie la fin de la cohésion nationale construite lentement par les Capétiens et les Valois. Il semble que le pays est ramené à une situation comparable à celles qu’il a déjà connues au premier siècle avant notre ère avec la conquête romaine, ou au Ve siècle avec les invasions barbares.

Jeanne d’Arc (1412-1431)


Le rôle et le symbolisme de Jeanne d’Arc, dite la Pucelle d’Orléans, sont cruciaux à la fois pour l’histoire de France et pour l’imaginaire collectif français. Son histoire est un mélange d’héroïsme et de magie: cette fille de paysans de Lorraine, profondément pieuse et qui entend des voix divines lui demandant de remettre le dauphin Charles sur le trône de France, incarne le renouveau de l’esprit de nation parmi le peuple français contre l’envahisseur d’Outre Manche. Au moment où Jeanne commence sa mission qui lui est commandée par Dieu, la France est sous la régence du duc de Bedford, le frère d’Henri V, roi d’Angleterre. Charles le dauphin, personnage faible et sans charisme, n’est reconnu comme roi que dans certaines provinces du Centre et du Sud de la France, ce qui lui vaut le surnom moqueur du « roi de Bourges ». Après plusieurs tentatives pour rencontrer le roi, Jeanne est finalement amenée au palais. Méfiant, Charles se déguise et se cache parmi la foule des courtisans tandis qu’un autre prend sa place. Pourtant, Jeanne, qui n’a jamais vu le dauphin, se dirige aussitôt vers Charles et lui fait part de son intention de délivrer Orléans, ville favorable aux Valois mais assiégée par les Anglais. Après d’autres épreuves qui lui permettent finalement de gagner la confiance de la cour, elle reçoit une armée, un drapeau et des armes pour accomplir sa mission. Partie à la tête des troupes du dauphin à l’assaut d’Orléans, elle parvient à délivrer la ville en 1429. Son second objectif est de faire couronner Charles à Reims, une ville située en territoire bourguignon, afin d’assurer la légitimité du prétendant au trône de France. Quelques semaines plus tard, elle réussit, le dauphin est enfin couronné et devient le nouveau roi de France, Charles VII.

Ce sacre est important, mais la reconquête du royaume de France est encore plus cruciale. Charles VII hésite, et cette hésitation conduit finalement à la capture de Jeanne d’Arc par les Bourguignons à Compiègne, près de Paris, en 1430. Vendue aux Anglais, Jeanne est transférée à Rouen où elle est jugée. Le procès la déclare hérétique, et elle est brûlée en 1431 sur une place de Rouen. Au milieu des flammes, Jeanne criait encore le nom de Jésus. La mort de Jeanne d’Arc pourtant ne stoppe pas le processus de reconquête. Pour combattre plus efficacement les occupants anglais, Charles VII s’allie finalement à Philippe le Bon, duc de Bourgogne, par le Traité d’Arras (1435). Même si le traité laisse d’énormes concessions territoriales et politiques au duc de Bourgogne (il n’est plus désormais un vassal), cette alliance retrouvée reconstitue l’unité des Français. Les Anglais sont chassés de Picardie, puis plus tard, de Normandie (1450) et finalement, tout le sud-ouest est reconquis en 1453, y compris la Guyenne (autour de Bordeaux) où les Anglais étaient installés depuis trois siècles. Ces victoires marquent la fin de la guerre de Cent Ans.

L’unité du royaume de France est achevée par Louis XI, le successeur de Charles VII en 1461. Le nouveau roi engage immédiatement la lutte contre les anciens alliés de l’Angleterre, représentés désormais par Charles le Téméraire (1433-1477), duc de Bourgogne. Lorsque Charles prend en 1467 la succession de son père Philippe le Bon, le territoire qu’il hérite comprend non seulement la Bourgogne et la Franche Comté, mais aussi le Luxembourg, la Belgique et la Hollande. Cette puissance représente une menace considérable pour Louis XI, qui sait que Charles rêve d’un état indépendant encore plus grand qui rivalise avec le royaume de France. Pendant dix ans, Louis XI et Charles le Téméraire s’affrontent dans des batailles. En janvier 1477, à Nancy, Charles est finalement tué au combat et ses armées se dispersent. Sa mort marque la fin de l’Etat bourguignon: les héritiers de Charles remettent la Bourgogne et la Picardie à Louis XI. Quand ce dernier meurt à son tour, en 1483, les Valois ont encore réuni sous leur autorité l’Anjou, le Maine et la Provence.

Le XVe siècle a été une période difficile pour le royaume de France, la rivalité entre Armagnacs et Bourguignons aurait pu lui être fatale. Pourtant, la France sort renforcée de ce siècle d’affrontements, et elle entre alors dans une nouvelle période, la Renaissance, largement suscitée par son attrait pour le voisin du sud, l’Italie.

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