Aperçu sur la littérature maghrébine d’expression française - Français

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mardi 3 décembre 2019

Aperçu sur la littérature maghrébine d’expression française



A. Définition

La littérature maghrébine d’expression française est née principalement vers les années 1945-1950 dans les trois  pays du Maghreb : La Tunisie, l’Algérie et le Maroc, et produite par des auteurs originaires de ces trois  pays. La colonisation du Maghreb à partir de 1830 a produit un phénomène d’acculturation qui a introduit des données nouvelles dans la société locale .Les trois littératures  modernes : tunisienne, algérienne et marocaine sont nées sous la colonisation ; cela a posé une grande question pour les écrivains : est-il possible d’écrire dans la langue du colonisateur sans être aliéné ? Cette question ne cessera pas de hanter la littérature maghrébine de langue française.
En imposant aux trois contrées le joug de l’occupation, le système colonial gérait aussi la formation de la culture : il diffusait sa langue par le biais de l’école, de l’administration, de la justice et de la presse. D’ailleurs, la colonisation du Maghreb a favorisé l’émergence d’une littérature écrite par des "indigènes" dans la langue du colon, mais dont le système de pensée est fortement dépendant du milieu socioculturel auquel appartenaient ces écrivains.                          
En effet, la politique coloniale de domination pratiquée par les français s’est accompagnée d’une mise à l’écart des cultures et des langues locales. Le colonisateur, en imposant son système d’éducation aux populations autochtones, sous le couvert de missions "civilisatrices", ne visait en fait que leur « assimilation » pure et simple. C’était peut-être sans compter sur l’enracinement des  langues arabes et  berbères de la culture musulmane.
Dés lors, quand des maghrébins ont écrit, ils se sont exprimés en français et ils ont composés des textes d’une dimension littéraire et identitaire complexe. Les auteurs maghrébins ont produit des livres appartenant à différents genres littéraires. L’essai est le
 premier genre adopté : il offrait à l’auteur une tribune d’où il pouvait revendiquer une place dans l’espace colonial. Lorsque l’écrivain éprouvait le besoin d’apporter sa contribution à un débat d’ordre culturel ou politique, il recourait à l’essai.
Mais, les formes narratives seront les plus fréquentées par la suite. La nouvelle et le roman comportent souvent les traces du conte ou d’autres genres traditionnels. Les narrations sont multiples : elles prennent pour sujet une vie exemplaire, la vie même du narrateur (autobiographie posant le problème de l’identité et de l’assimilation). Les faits quotidiens dela société reflètent une autre image du Maghreb différente à celle « colportée »par le colonisateur. Avec Mohamed Dib, Driss Chraïbi, Mouloud Mammeri, Mouloud Feraoun…etc. C’est Ahmed Séfrioui qui, le premier, en 1949, a inauguré la littérature marocaine d’expression française avec son roman fondateur "Le chapelet d’ambre". Grâce à la publication de "La Boîte à merveilles" en 1945, il ouvre la voie à d’autres écrivains qui on choisi, eux aussi, la langue française comme outil d’expression. Dés 1954, Driss Chraïbi s’impose avec éclat en publiant son récit Le passé simple, puis en 1955  son roman Les boucs.
Quant à Abdellatif Lâabi, il fonde en 1966 la revue  Souffles  et publie en 1969 L’œiet la nuit. Mohamed Khair-Eddine s’introduit en 1967 dans le champ littéraire avec son roman Agadir". De son côté, Khatibi publie
"La mémoire tatouée" en 1971 et Tahar Benjelloun"Harrouda" en 1973.


B. La Boîte à merveilles: sa genèse et sa réception

L’expansion coloniale française a donné naissance, à une littérature dite
"Orientaliste ", qui, en évoluant, a pris des formes multiples. D’abord, une littérature "de voyages"; ensuite une littérature "coloniale " ; puis une littérature "pied-noir" ; enfin  une littérature "indigène francophone" dont le nom renvoie à une nationalité ou à une zone géographique. Á ses débuts, la littérature "Orientaliste" était centrée autour de la notion d’exotisme. Á travers les récits de voyages, elle cherchait à susciter l’émotion par la description de contrées féeriques ou légendaires et par la peinture de cultures, de civilisations et de peuples étranges. Pour comprendre leurs mœurs, leurs histoires et leurs arts, l’écrivain pénétrait par
 vocation ethnographique à l’intérieur de ces  catégories sociales considérées comme « inférieure ».
Par la suite, l’exotisme s’étant révélé une parfaite méconnaissance de l’autre, la littérature coloniale a pris une tournure plus réaliste. Elle a renoncé à son registre pathétique et a opté  pour une observation ethnographique pratique et une représentation objective des peuples qui faciliteraient le dialogue avec eux.
Ainsi, à sa naissance, la littérature marocaine francophone est venue peut-être se greffer sur cette forme de littérature. C’est pourquoi le roman   La Boîte à merveilles, considéré comme le texte inaugural de cette littérature, a été condamné à cause de son caractère ethnographique. Son auteur Ahmed Séfrioui  a été accusé de flatter le goût d’un public étranger assoiffé d’exotisme.
L’élite intellectuelle marocaine, nationaliste et révolutionnaire, qui menait son combat pour l’indépendance lui a reproché de ne pas faire mention du colonisateur, de ne pas formuler de position claire sur la situation coloniale et en conséquence a stigmatisé son absence d’engagement.

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