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mercredi 25 décembre 2019

Le Décadentisme



Odilon Redon, Tête d'Orphée, entre 1840 et 1916, non daté
Boldini, "Portrait du comte de Montesquiou" 1897
Le Décadentisme, comme tout mouvement littéraire, est difficile à dater avec précision. Il aurait commencé vers la fin du 19siècle en France, pendant le Second Empire (1852-1870). A cette période, la France vient de perdre et capitule face à la Prusse et La Commune a été violemment réprimée. Les artistes voient cela comme la fin du monde et on parle de « déclin ».

            Le Décadentisme s'oppose au naturalisme. En effet, le naturalisme est dans la lignée du réalisme mais en ajoutant un contexte physiologique. Alors que le Décadentisme se rapproche plus du symbolisme où les œuvres sont « plus simples » et où plane un mystère. Le Décadentisme s’oppose aussi au Romantisme. En effet, le Romantisme proclame le culte du « moi ». A la beauté, à  l’harmonie et à l’équilibre, le décadentisme préfère l’étrange et le « bizarre ».

            Cependant, on ne peut pas vraiment parler de mouvement littéraire pour le décadentisme. En effet, il s'agit plutôt d’un sentiment qui vient hanter les textes, d’un regard sur la vie, d’un état d’esprit plutôt que d’une structure ou une forme spécifique (comme avec le naturalisme par exemple).

            Les thèmes abordés dans les œuvres décadentes sont pessimistes. En effet, les auteurs sont  marqués par le dégoût de l'avenir et ont besoin de provoquer. De plus, ils ont horreur de la banalité et des longues descriptions de plusieurs pages propres au naturalisme. Ils cherchent à stimuler l'imagination des lecteurs.

            De nombreux auteurs « ont appartenu » au Décadentisme tel que que Barbey d'Aurevilly, Paul Verlaine, Oscar Wilde et le plus emblématique d'entre eux : Huysmans avec son personnage de Des Esseintes qui est l'archétype de l'antihéros et du dandy décadent. Le comte de Montesquiou aurait inspiré le personnage. Grâce au succès du mouvement de nombreuses revues tel que La Plume et La Vogue sont apparues. On peut aussi citer Maurice Rollinat avec Les Névroses (1883), Louis Dumur Albert (1890), Remy de Gourmont avec  Proses moroses (1894), Léon Bloy dans Histoires désobligeantes (1894)…

            Les romans décadents se caractérisent notamment par une crise du roman et du personnage. Ils sont remplis de distorsions et d'anachronismes. Dans À rebours de Joris-Karl Huysmans de 1884, Des Esseintes se retire dans son pavillon pour se consacrer à l'oisiveté et à l'étude.
            Un poème caractéristique du Décadentisme dans la Poésie est « Langueurs » de Paul Verlaine :

Je suis l'Empire à la fin de la décadence,
Qui regarde passer les grands Barbares blancs
En composant des acrostiches indolents
D'un style d'or où la langueur du soleil danse.

L'âme seulette a mal au cœur d'un ennui dense.
Là-bas on dit qu'il est de longs combats sanglants.
O n'y pouvoir, étant si faible aux vœux si lents,
O n'y vouloir fleurir un peu cette existence !

O n'y vouloir, ô n'y pouvoir mourir un peu !
Ah ! tout est bu ! Bathylle, as-tu fini de rire ?
Ah ! tout est bu, tout est mangé ! Plus rien à dire !

Seul, un poème un peu niais qu'on jette au feu,
Seul, un esclave un peu coureur qui vous néglige,
Seul, un ennui d'on ne sait quoi qui vous afflige !

            Il est issu du recueil Jadis et naguère de 1884. On peut considérer ce poème comme décadent pour plusieurs raisons.
            La première raison est que l’ennui caractéristique du décadentisme est présent : « Qui regarde passer les grands Barbares blancs », « L’âme seulette a mal au cœur d’un ennui dense. ». On peut considérer ici que « Les Barbares blancs » sont les Allemands, vainqueurs de la guerre franco-allemande.
            La seconde raison est que l’auteur provoque dans son poème : Il considère son poème comme étant « niais » et qu’il ne mérite que le feu. De plus il fait l’éloge de l’ivresse avec : « tout est bu, tout est mangé ! Plus rien à dire ! »
            Enfin, plus que de l’ennui, le poète n’a plus de force pour vivre ni penser (« O n’y vouloir, ô n’y pouvoir mourir un peu »). Seul l’alcool « le réveille » mais c’est pour mieux « le rendormir » (cf : « Plus rien à dire »).

            Le décadentisme ou la décadence dans les arts plastiques sont beaucoup moins présents que dans la littérature. Mais deux tableaux sont caractéristiques, à leur manière, de ce courant.
Romains de la décadence, Thomas Lacouture, 1847
Romains de la décadence, Thomas Lacouture, 1847
Il s'agit ici d'une représentation critique de la décadence : "Jacobin, républicain et anticlérical, le peintre critique la décadence morale de la France de la Monarchie de Juillet, dont la classe au pouvoir avait été discréditée par une série de scandales. Ce tableau est ainsi une "allégorie réaliste", d'ailleurs, les critiques d'art de 1847 voyaient dans ces romains "Les Français de la décadence".(Texte Musée d'Orsay)
Pierrot assassin de sa femme, Adolfe Wilette 1881
Pierrot assassin de sa femme, Adolfe Wilette 1881
Dans ces deux œuvres, on retrouve les mêmes expressions sur les personnages. Ils ne sourient pas, ne pleurent pas mais ont l’air d’être impassibles à ce qui arrive comme en état d’ennui. L'on peut encore songer ici au personnage de des Esseintes.

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