Qu'est ce que le romantisme ? Ce n'est pas la rencontre de Julien Sorel et Mme de Rênal, ni le mariage de Bella et Edward, ni les nuits des Cinquantes nuances de Grey. Ce n'est même pas Roméo et Juliette ni Pyrame et Thisbé. Ce n'est pas la rose du Petit Prince ni les lettres de la marquise de Merteuil. Mais alors... quoi ?
La genèse
Le romantisme est né à l’étranger. L’influence de l’Allemagne, avec le Werther de Goethe, et celle de l’Angleterre, à travers Walter Scott, ont permis l’émergence de ce mouvement européen.
Cependant le romantisme français revendique aussi des sources nationales : au XVIIIème siècle Diderot et Rousseau, tout en étant inscrits dans le courant des Lumières, initient l’exaltation du moi et le retour à la nature dans le cadre du préromantisme. Avec Chateaubriand naît réellement le romantisme en France. La figure de René, personnage éponyme, en reste le modèle incomparable !
Le mal du siècle
Or, le pays souffre d’une forte instabilité politique : sept régimes politiques agitent les français en tous sens : monarchie, empires, républiques, révolutions, coups d’état et autres jeux de pouvoirs essoufflent les écrivains qui ne se sentent pas à leur place.
Alors que la légende napoléonienne se développe, bien des jeune poètes « venus trop tard dans un monde trop vieux » vont se réfugier dans un lyrisme pessimiste : ils souffrent du « mal du siècle » ! Persuadé d’être nés au mauvais endroit au mauvais moment, ils se réfugient dans la mélancolie, l’imagination et une exaltation exacerbée de sensibilité titanesque.
Beaucoup croient trouver refuge dans les bras de la mort et tentent de s’y rendre par eux-mêmes sans y parvenir : Musset, Maupassant, Chateaubriand, Sand. D’autres cèdent à la folie comme Nerval qui a été vu promenant un homard en laisse sur les marches du Palais-Royal, et qui se suicidera. « Le classicisme, c'est la santé ; le romantisme, c'est la maladie », affirme Goethe.
Le sujet romantique
Le domaine de prédilection des romantiques est la nature, thème inépuisable, livre ouvert sur l’âme, confident, refuge.
C’est donc par un tsunami dévorant de sensibilité débridée et un raz-de-marée ravageant de passions qu’elle est louée.
La poésie romantique touche pourtant à tout : tout objet est digne d’être objet poétique. L’art doit être libéré ; avec Victor Hugo, inventeur du genre, le drame romantique rejette les règles de la tragédie classique instaurées par Boileau.
Mais cette petite révolution ne plaît pas à tout le monde : une cabale est menée contre Hernani, et lorsque le 25 février 1830, la première a lieu, la bagarre éclate dans la salle !
La bataille d'Hernani
Lors de la première d’Hernani, dès l’attente devant le théâtre, la tension était palpable, les romantiques faisaient pression alors que les forces de l’ordre essayaient d’empêcher la représentation et que les employés du théâtre leur jetaient des ordures (Balzac aurait reçu un trognon de chou en pleine face). Ils réussirent à rentrer et patientèrent quatre heures dans le noir. Cette première fut un triomphe pour les romantiques, comme les deuxième et troisième représentations.
Mais peu à peu, le rapport de force s’inversa et le climat se fit de plus en plus hostile et on en vint même aux mains. Un jeune homme fut tué en duel, défendant fièrement la pièce. Dumas, Gautier, Rostand et bien d’autres participèrent à l’instauration du mythe : Hernani fut un succès commercial et Hugo fut couronné chef de file des romantiques.
Le court au romantique
Le courant romantique regroupe principalement Victor Hugo, Alfred de Vigny, Gérard de Nerval, Alfred de Musset et Alphonse de Lamartine. Cependant, notre auteur fétiche (forcément !) est Prosper Mérimée : véritable maître de la nouvelle, on considère La Vénus d’Ille comme son chef-d’œuvre. On lui doit aussi la dictée la plus dure du monde (surtout francophone) : Napoléon III fit soixante-quinze fautes et Alexandre Dumas lui-même en fit vingt-quatre !
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