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vendredi 20 décembre 2019

Le naturalisme



Le naturalisme

Le roman naturaliste est un tube à essai comme ceux que vous utilisiez en TP de chimie. Le produit à tester est la nature humaine. Le romancier jette au hasard un bout de viande dans la fosse aux lions et regarde ce qu'il se passe : c'est tantôt l'alcool, tantôt l'ambition, d'autres fois la folie...

La genèse

Parler du naturalisme, c’est parler de d’Emile Zola, car si Maupassant, Huysmans et même les frères Goncourt (Edmond et Jules ) sont inscrits dans ce courant, le naturalisme est initié par Zola et il en est l’incarnation parfaite. Le naturalisme, c’est la production d’un roman expérimental. Ecrire un roman expérimental c’est faire une étude de l’homme, à partir d’une méthode scientifique : l’expérience.
Zola fut très influencé par les théories de Claude Bernard, considéré comme le fondateur de la méthode hypothético-déductive que tous les lycéens ont en horreur : Observation - Hypothèse - Expérience - Résultat - Interprétation – Conclusion.
Son étude à lui, c’est le Cycle des Rougon-Macquart dont le sous-titre est d’ailleurs « Histoire naturelle et sociale d'une famille sous le Second Empire ». Si vous vous y attaquez c’est déjà un bon morceau puisqu’il regroupe vingt romans, et pas des moindres !

Le roman expérimental
Comme Zola le dit dans la préface de La Fortune des Rougon (1871), le premier du cycle : « Je veux expliquer comment une famille, un petit groupe d’êtres, se comporte dans une société, en s’épanouissant pour donner naissance à dix, à vingt individus qui paraissent, au premier coup d’œil, profondément dissemblables, mais que l’analyse montre intimement liés les uns aux autres. L’hérédité a ses lois, comme la pesanteur. »

Tableau de l'hérédité dans la famille Rougon-Macquart

Sa théorie est donc celle de l’hérédité, pour reprendre ses mots : « Notre héros […] est […] un être qui est composé d’organes et qui trempe dans un milieu dont il est pénétré à chaque heure… » Ainsi les conditions physiologiques (la physiologie étudie le rapport d’un individu et de son environnement) vont déterminer la personne humaine. Certaines caractéristiques, telles que l’alcoolisme de Gervaise dans L’Assommoir, sont héréditaires.

La démarche du naturaliste

Si le romancier est un expérimentateur, il doit agir comme tel. Ainsi la démarche du naturaliste prévoit une recherche massive d’informations antérieure à l’écriture du roman. Pour citer une nouvelle fois Zola : « Ma façon de procéder est toujours celle-ci : d'abord je me renseigne par moi-même, par ce que j'ai vu et entendu ; ensuite, je me renseigne par les documents écrits, les livres sur la matière, les notes que me donnent mes amis ; et enfin l'imagination, l'intuition plutôt, fait le reste. » Il en avait beaucoup, heureusement !
Zola préparait des dossiers de recherche qui s’épaississaient au fil des romans : ce fut une cinquantaine de pages pour La Fortune des Rougon, le premier, 450 pour Pot-Bouille, le dixième, 1000 pour Germinal, le treizième, jusqu’à atteindre 1250 pour La Débâcle, le dix-neuvième et avant-dernier.
Mais ce n’est pas tout : de nombreux brouillons sont effectués (probablement jetés par l’auteur après l’écriture). Quant-au style, la simplicité et la clarté sont à rechercher. On ne nous empêchera pas de penser que le génie de Zola tient à son tempérament épique, à la limite du visionnaire (même amoureux du « court », lisez la fin de Germinal, ou de Thérèse Raquin !)

Emile Zola par Edouard Manet

Le short naturaliste

Zola réunit dans sa maison de campagne de Médan, tous les jeudis soirs (appelés « soirées de Médan ») d’autres écrivains naturalistes : Maupassant, Huysmans (même si celui-ci finira par se révolter contre la rigueur naturaliste de Zola, d'où son célébrissime ouvrage A rebours), Céard, Hennique et Alexis. Ils permettront que l’écrit court soit représenté en bonne et due forme dans le mouvement naturaliste !
Léon Hennique rapporte dans la préface des Soirées de Médan :
« Et nous sommes à la table d'Zola, dans Paris, Maupassant, Huysmans, Céard, Alexis et moi, pour changer. On devise à bâtons rompus ; on se met à évoquer la guerre, la fameuse guerre de 70. Plusieurs des nôtres avaient été volontaires ou moblots.
— Tiens ! Tiens ! propose Zola, pourquoi ne ferait-on pas un volume là-dessus, un volume de nouvelles ? »
Alexis :
Oui, pourquoi ?
— Vous avez des sujets ?
— Nous en aurons.
— Le titre du bouquin.
— Céard : Les Soirées de Médan. »

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