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vendredi 20 décembre 2019

Les Lumières



Les Lumières ont soif de liberté et de rationnalité. Elles se désaltèrent par un examen de la morale et de la religion et un vif intérêt dans les sciences. Cependant un appétit nouveau s'éveille, celui de l'expression des sentiments. Comme le dit André Beucler : "Que la lumière soif... Et la lumière but."

La genèse

L’esprit philosophique des Lumières est un nouvel humanisme : il fait preuve d’une confiance infaillible dans la raison humaine et d'une foi optimiste dans le progrès. Son expression la plus complète s’incarne dans l’Encyclopédie de Diderot et d’Alembert, qui prétend regrouper tout le savoir technique dans tous les domaines acquis par l’homme depuis de nombreux siècles. Le double objectif est de diffuser les idées des « Lumières » et de combattre l’intolérance et le despotisme.
Cependant le siècle n’est pas si lisse qu’on pourrait le croire : les années 1750-1760 représentent un tournant ; elles tendent à éclipser le rationalisme philosophique de la première moitié au profit d’une sensibilité préromantique. Mais il faut garder à l’esprit que la raison ne perd pas tous ses droits et que le courant émotionnel est sous-jacent depuis le début du siècle.
Deux courants se superposent donc en filigrane et s'influencent mutuellement. Goethe, philosophe allemand à cheval entre ce siècle et le suivant, en est conscient et énonce : « Avec Voltaire, c’est un monde qui finit : avec Rousseau c’est un monde qui commence. » Chateaubriand inaugure le XIXème siècle littéraire.

L'influence des sciences

La science prend une importance toute nouvelle. Elle détrône la métaphysique et exerce une forte influence sur la littérature.
La philosophie va, à son exemple, s’intéresser au comment plutôt qu’au pourquoi, rechercher les causes secondes et non plus les causes premières qui sont inconnaissables.
Les sciences de la nature surtout, moins abstraites que les mathématiques, gagnent en popularité.
Montesquieu effectue des expériences de biologie,
Voltaire expose le système de Newton en vers,
Diderot propose une vision lyrique de l’hypothèse évolutionniste,
et Chénier à la fin du siècle rêvera d’une poésie scientifique.

Le rationalisme

Pour ce qui est du rationalisme critique, son point de départ reste la règle cartésienne de l’évidence : n’est vrai que ce que l’intuition rationnelle assure, et que l'expérience vient vérifier. La philosophie rejette toute autre autorité que la raison et pousse au libre examen de la morale, du christianisme et des mœurs. Ainsi émergent les idées des lumières : une religion et une morale naturelles, la promotion de la tolérance, une liberté accrue, la suppression des privilèges injustifiés. Avec Pierre Bayle déjà, la littérature se fait militante.
Jean Huber, Un dîner de philosophes, 1772 ou 1773,
Voltaire Foundation, Oxford.

Le goût classique est maintenu dans la première moitié du siècle notamment grâce à Voltaire qui se reconnaît peu de mérites dans ses contes et admire la supériorité du XVIIème. Il triomphera cependant en s'engageant dans la polémique, par ses lettres et libelles.

Le courant préromantique

Cependant, au moment où paraît l’Encyclopédie, une tendance opposée s’éveille, qui s’incarne dans Diderot et Rousseau : chez eux, les émotions se déchaînent. Rousseau promeut particulièrement les instincts affectifs profonds et la voie du cœur. Il se considère comme un être méconnu, réprouvé mais exceptionnel. Le lyrisme personnel réapparaît aussi en poésie avec André Chénier.
Les traits principaux du préromantique qui s’exerce ici sont l’exaltation du moi, le goût des émotions, de la mélancolie et de la solitude et le sentiment de nature. En effet Rousseau ne se sent vraiment lui-même que dans la solitude et méprise les bavardages de chambre dans lesquels il s’ennuie profondément. Pour y remédier, il révèle dans ses Confessions : « Je m’avisai […] d’apprendre à faire des lacets. Je portais mon coussin dans mes visites et j’allais comme les femmes travailler à ma porte et causer avec les passants. »

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